People With Vaginas
Exhibition view
Nosbaum Reding, Luxembourg, 2018 © Nosbaum Reding
„People With Vaginas“, imprimé en rose sur des autocollants, est le titre de la deuxième exposition d?Aline Bouvy à la galerie Nosbaum Reding. À la base de ce projet, une dénomination du sexe de la femme trouvée dans un article sur le design de spéculums et autres outils gynécologiques élaborés à partir de matériaux soft, proposant une alternative à la froideur métallique de l’écarteleur (1). Ces nouveaux articles rappellent les sex toys ou les tétines pour animaux que l’artiste introduit dans les pizzas en faïence blanche qui sont suspendues sur des plateaux géants.
Des organes humains sont intégrés à la garniture des pizzas parmi les légumes et les saucissons. Nourriture et intérieur du corps sont mélangés avec les autres éléments de l’exposition, qui parlent de se manger l’un l’autre, comme l’évoque la photographie du spray anti-cannibalisme que l’artiste ne peut s’empêcher d’associer à l’anti-capitalisme, sous-texte de cette exposition sur les entrailles.
Un animal nettoyeur tel que le rat, personnage principal, devient attachant dans son humanisation, alors qu’il incarne l’inconscient de l’attaque du bas. Les pizzas sont des morceaux de corps, les rats sont des humains sophistiqués à la manière des fables qui prennent les animaux comme métaphores de l’humain. Anthropomorphisme et anthropophagie démontent notre rapport à l’autre, au corps, entre attraction et répulsion, entre « je t’aime » et « je te mange ».
Les rats survivent sur les poubelles des humains. Le cochon est soupçonné de cannibalisme quand il est entassé dans une ferme d’élevage intensif. Nous nous mangeons nous-mêmes. Poudre de vache folle. Le tout est noir et blanc, profond et en surface. Les couleurs sont dévolues à la représentation des supports en faux bois et fausse brique ; le tout, sur un fond de paysage al fresco. On rêve et on est là. Un ailleurs omniprésent qui vit autant dans nos têtes que dans nos corps génériques, dysfonctionnels à souhait. Un délire de consommation qui nous mène à l’érotisation, à la faim industrielle.
Jeu d’images qui se renvoient les unes les autres dans un rapport au miroir (speculum) tel que l’avait envisagé Claes Oldenburg dès les années 60 avec ses vitrines de fausse nourriture. Ici, la transparence des supports renvoie à l’opacité du mur de blé noir pour faire parler l’humour noir ? seule issue à ce désespérant capitalisme ? Avec, en diagonale, une créativité totale des personnages mutants plus que désespérants.
Sonia
Dermience
(1)
Rose George, « How to redesign the vaginal speculum », The
Guardian,
23.04.2018.
La
pratique multidisciplinaire d’Aline Bouvy (LU, °1974) est habitée
par son refus de compromis et d’adaptation aux systèmes de notre
société qui visent à réguler notre désir, en le conformant aux
normes et valeurs qui forment cette même société. À travers la
mise en place de stratégies poétiques et d’une esthétique
rigoureuse à l’humour engagé, elle questionne les hiérarchies de
pouvoirs établis et les systèmes patriarcaux. Sa pratique s’efforce
à confronter ce qui est considéré comme hors norme, par le biais
de narrations souvent ancrées dans le contexte même des lieux où
elle présente son travail, interrogeant simultanément le rôle de
l’artiste et son engagement à travers les productions culturelles
contemporaines.
Aline Bouvy est diplômée de l’ERG, Bruxelles et de la Jan Van Eyck Academie, Maastricht. Après de nombreuses années d’activités artistiques collaboratives, elle a entamé une pratique personnelle en 2013. Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions personnelles, parmi lesquelles Loggia à Munich (2018), CIAP à Hasselt (2017), Motel à New York (2016), Exo Exo à Paris (2015), Espace Arts Plastiques Madeleine Lambert à Vénissieux (cat.; 2014) et NICC à Bruxelles (2013). Aline Bouvy a également participé à de nombreuses expositions collectives dans des centres d’art, musées, institutions, galeries, tels que Domaine Pommery à Reims (septembre 2018), Mélange à Cologne (2018), Musée national d’histoire et d’art à Luxembourg (2016); Kunstraum à Londres (2015), Le Confort Moderne à Poitiers (2014), … Aline Bouvy a réalisé plusieurs projets dans l’espace public.
Aline Bouvy
Grantee of the Ministry of Culture of the Grand Duchy of Luxembourg
Pup
Opening | Eröffnung
02.10.2019 – 19.00
Exhibition | Ausstellung
03.10. – 27.10.2019
Tue – Sun | Di – So :14h – 19h
Location
Künsterhaus Bethanien
Exhibition Spaces
Kottbusser Strasse 10
10999 Berlin